vendredi 8 août 2014

mots clefs n° 32

pieds nus comme des petits pianos
dans la baraque vivante
comme de la viande
cendre dans le sang
cuir dans le cœur
slogans publicitaires
qui sortent de la tête des gens
des runes
des faux-ongles
des bulles de bd
qui racontent ma vie
avec force détails
bilan mitigé
grossesse extra-utérine
frappe sur la barre
ne pas se forcer
ne pas se retenir
lumière bizarre à manger
sur place
ou à emporter
dans les rues les plus souterraines
arabisantes




un peu moins de trous dans mon emploi du temps

elle s'appelle Nadine
elle s'appelle Chantal
elle s'appelle Monique
un de ces prénoms à la con
un de ces prénoms à la mode dans les années 60
elle a cet air si reconnaissable 
que prennent les connasses qui s'y connaissent
genre mère de famille déjà moisie 
genre vieille fille méphitique déjà cramée
genre rentière à vie arrogante et flétrie
dans son chemisier interdit en chromothérapie
elle dit que j'ai payé pour neuf nuitées
neuf et pas dix ,hein ? 
elle rappelle à l'envi la définition du mot grivèlerie
elle exige l'intervention immédiate de l'ONU ou quasiment
et moi j'attends 
j'attends qu'il y ait un peu moins de trous dans mon emploi du temps...

les ambulanciers intercèdent en ma faveur
essayent du moins
lui expliquent que je tenais une galerie d'art réputée
lui expliquent que j'ai sombré psychologiquement
suite à une déception sentimentale
et que depuis j’enchaîne les voyages pathologiques
et que depuis j'enchaîne les hospitalisations à la demande d'un tiers
Laurence et Pierre en l'occurrence
c'est toujours eux les tiers
qui ne font pas les choses à moitié
et qui démarrent toujours au quart de tour
quand il faut me jeter la pierre
Laurence et Pierre 
leurs prénoms ont été modifiés mais pas leurs agissements
et moi j'attends 
j'attends qu'il y ait un peu moins de trous dans mon emploi du temps... 

dans le salon de l'hôtel tout se confond
les tapis les tapisseries
les planchers les plafonds
je regarde la télé subjuguée
la chaîne où y a jamais rien
juste la vieille échographie du cosmos
le veilleur de nuit me sourit sans me sourire
tout en me souriant
il ressemble à mon frère lui aussi
celui que je cherche chaque nuit
celui que je ne retrouve jamais
et que je remplace par n'importe qui
le premier venu qui ne fasse pas semblant
et moi j'attends 
j'attends qu'il y ait un peu moins de trous dans mon emploi du temps ...